On est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel hier soir à Nungesser. Menés par des Havrais décomplexés, les hommes de Kombouaré sont revenus au score, ont pris l'avantage, ont été rejoints avant de faire la différence in extremis (3-2, 90e + 3). Les voilà remontés à la onzième place avec seulement trois points d'avance sur la zone rouge. Le suspense est total.
« C'était une finale, il fallait gagner. » Antoine Kombouaré avait la formule facile pour saluer la spectaculaire victoire de son équipe face à des Normands qui ne méritaient sans doute pas ça. VA, qui avait lâché des points sur sa pelouse dans les mêmes conditions (Grenoble, Toulouse...), n'a quant à lui pas boudé en voyant le destin lui offrir enfin un retour des choses.
« Il n'y a pas si longtemps, le piqué d'Audel prenait le poteau et sortait », souligna le coach dans l'euphorie de la réussite. Lui qui n'avait encore jamais battu Le Havre avec VA (trois défaites, dont deux en L2) a pris sa revanche au bon moment. Le HAC le paie très cher et retournera sans doute d'où il vient. Quant aux Nordistes, ils poursuivent leur petit bonhomme de chemin, avec un onzième match sans défaite qui permet tous les espoirs.
Mais que ce fut dur ! Privé de Darcheville pendant l'échauffement (douleur au mollet gauche), Valenciennes montra tout de suite combien la vie était plus compliquée sans son âme enjouée. Son début de match fut très laborieux, mêlant tout à la fois du déchet technique et de la précipitation qu'on ne lui connaissait plus. La faute à une crispation très palpable, directement liée aux enjeux d'un match décisif pour la suite. Incapables de trouver leurs attaquants, les Nordistes déjouèrent ainsi pendant un bon moment. Assez pour tendre l'ambiance et se dire que la soirée serait compliquée.
Air connu en football, il fallut en fait passer par l'ouverture du score des Normands, sur un coup de tête du Lillois (prêté) Franquart, avec de la réussite mais sans scandale (0-1, 24e), pour que VA se mette enfin à jouer plus proprement.
Ce fut alors une rafale qui s'abattit sur le but de Revault. Une tête de Sebo fit trembler le gardien (29e), qui repoussa ensuite des poings une frappe de Lacourt déclenchée à 30 mètres (30e), puis vit Saez aux six mètres manquer sa frappe (31e) et un centre de Pujol longer la ligne sans trouver preneur (32e).
À force de pousser, VA revint logiquement sur mouvement d'école, un jeu en triangle amorcé par Danic, relayé par Mater et conclu par Saez (1-1, 41e ). Juste avant la pause, l'affaire était précieuse, et on se disait que dans l'élan... La seconde période proposa pourtant un combat indécis, que Lacourt (49e) puis Sebo (50e) ne parvinrent pas à aérer. Il fallut attendre le dernier quart d'heure pour voir les deux équipes se livrer totalement. VA se libéra le premier sur un magnifique coup franc de Lacourt (2-1, 75e).
Loin de s'effondrer, Le Havre sut revenir à son tour sur un sprint d'Anin, qui profita de la fébrilité de la défense nordiste (2-2, 81e).
L'histoire semblait cette fois mal engagée, mais Valenciennes montra qu'il avait lui aussi de la ressource, juste une larmichette en plus, pour s'arracher sur son dernier rush. Le joker Audel profita du travail en déviation de Pujol pour piéger une garde normande hésitante (3-2, 90e +3). Final en feu d'artifice.
« La leçon, c'est que quand on ne lâche pas, on obtient toujours sa récompense », se régala Kombouaré. Qui a gagné trois points hier mais aussi une preuve supplémentaire que ses joueurs ont le mental et le talent pour sauver leur peau.RICHARD GOTTE
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