Sa blessure inquiétante en direct a donné des images terrifiantes. Opéré à Rennes dans la nuit du 21 au 22 mars d'une double fracture tibia-péroné, Jonathan Lacourt a entamé sa rééducation à Berck-sur-Mer. Il digère avec courage ce coup d'arrêt en pleine ascension. Il veut revenir vite et donne une leçon de moral.
Étendu sur la table de soins, il se masse la cuisse gauche au-dessus du plâtre. Jérôme Baicry, kiné de VA, est pris à témoin. « Regarde, il n'y a plus rien. » On lui explique que c'est normal, le choc opératoire, un réflexe du quadriceps... « Ne te fais pas de soucis avec ça. Ça reviendra dès qu'on se remettra au boulot », assure le spécialiste. Son avis compte et permet de surmonter ce rare moment de doute.
Car pour le reste, Jonathan Lacourt, même une jambe dans le plâtre, est plutôt du genre offensif. Pas celui qui va pleurer sur son sort. À 22 ans, le joueur originaire d'Albi a une force de caractère musclée aux valeurs du rugby. Ses visiteurs peuvent tous le constater. Lundi, c'était le tour de Mathieu Boidin (l'intendant de VA), Florent Piasecki (éditions et site Web) et du kiné.
Boucles d'oreille, visage pimpant, le beau gosse accueille ses complices avec un t-shirt des Rolling Stones, le short de VA et un large sourire. Il y a du soleil et « de ma chambre, je vois la mer, ça fait du bien », s'amuse-t-il une fois retourné dans son lit. Sur le chemin du retour depuis le gymnase, on a croisé d'autres patients. « Ici, il y a des gens à qui il manque un bras ou une jambe, ça permet de relativiser.
» Bien sûr, beaucoup de choses lui manquent, mais il a choisi de positiver. « Le chirurgien a dit que la guérison c'était 50 % dans la tête.
Si je suis négatif, ça prendra deux fois plus de temps... Pourtant parfois c'est difficile. Pour un footballeur, se faire casser la jambe, il n'y a rien de pire. » C'est comme si... On égrène alors quelques métiers où les mains sont indispensables. Et naturellement, l'actualité nous ramène au chirurgien.
Le joueur dit qu'il n'a plus mal, qu'il faut désormais « attendre que ça consolide » et « être patient ».
Prendre son mal en patience, il n'a pas fini de l'entendre celle-là, lui qui voudrait déjà mettre le pied par terre pour vraiment se remettre à travailler. « Juste marcher, ce serait un grand pas. » En attendant, il n'a pas dormi dans son lit depuis quinze jours et piaffe à l'idée de pouvoir profiter de l'appartement que le club lui a mis à disposition à Berck. « J'attends le feu vert du docteur. » Pour l'heure, les journées sont longues, mais la semaine s'annonce pas mal : il y aura match à la télé. « La Champion's League, ça fait rêver ». « Même quand je ne suis pas blessé, je regarde tout. » Ce week-end, ce sera la L1 et un travail d'équipier à distance.
Comme lors de la victoire face à Auxerre samedi. « Je suis fier d'eux. On a fait un grand pas. » La télé de l'hôpital ne diffusait pas le match, alors il a regardé sur son téléphone. Il n'a pas tout vu mais a vu l'essentiel, s'est fait raconter les chants en son honneur à Nungesser. « Vivement que j'y retourne pour entendre ça. » Les vibrations sont là.RICHARD GOTTE