Son profil de carrière n'a rien d'un long fleuve tranquille. Formé à Rennes (une référence), couvé par une structure éducative attentive à ses évolutions, le petit Danic, môme de Vannes venu dans le grand club régional pour... grandir, avait tout pour atteindre sa cible. Tout et peut-être trop puisque son cheminement ne fut jamais simple depuis ses débuts en Ligue 1, le 11 novembre 2000.
La faute à qui, à quoi ? « Peut-être n'ai-je pas fait les efforts nécessaires pour m'imposer en temps voulu, confie-t-il dans un soupir. Les qualités techniques, je les ai toujours eues. Mais, aujourd'hui, je suis sûrement plus fort mentalement. J'ai progressé en intégrant notamment une notion essentielle : c'est en effectuant un gros travail sur soi que l'on avance. Le fait d'être papa m'a ouvert aussi les yeux.
» Même s'il avoue ne ressentir aucune rancoeur vis-à-vis de Rennes, club qui lui mit le pied à l'étrier sans contribuer vraiment à son envol, Gaël Danic admet cependant avec une pointe de regret qu'il aurait bien aimé s'imposer là-bas.
« Couper le cordon »
« Un jour, Bergeroo (alors entraîneur du Stade rennais) m'a dit que le club allait essayer de recruter Laigle ou Delmotte dans le couloir gauche. Quand on vous tient ce genre de discours, il faut être sourd ou aveugle pour ne pas cibler l'évidence. Et puis, à l'époque, Rennes n'avait pas la même dimension. Quand j'y étais, on luttait souvent pour le maintien. Aujourd'hui, tout a changé. Les bonnes personnes sont aux bonnes places à la tête du club. Il y a de la cohérence partout. » De Rennes à Valenciennes où il est arrivé en 2008, en passant par Guingamp (prêté), Grenoble, Troyes, Lorient et Troyes encore (avec une relégation au bout de la route), l'histoire de ce jeune homme de 27 ans au front vigoureux mais d'un commerce agréable ne fut jamais vraiment limpide. « Il a eu un peu le même cursus qu'un Puygrenier qui s'est révélé lui aussi hors de ses bases, souligne Landry Chauvin, ex-patron des jeunes Rennais, devenu entraîneur à Sedan, en Ligue 2. C'est un Breton têtu qui a toujours su où il voulait aller. Moi, je l'aimais bien, même si on s'est parfois accrochés. Il voulait souvent avoir raison. Mais c'est un gars assez intelligent pour dire avec le recul : "c'est vous qui êtes dans le vrai". Je suis content de sa trajectoire car c'est un joueur pétri de qualités, un vrai accélérateur. Il voit le jeu avant les autres... Il lui fallait couper le cordon avec sa région. Cela lui a permis de s'émanciper. Il n'y avait plus alors son entourage pour écouter ses complaintes. Un mal pour un bien ? Sans doute.
Naguère, on ne voyait que son petit gabarit. Mais, dorénavant, ce n'est plus un obstacle d'être petit. À Barcelone ou à Chelsea, on s'appuie au contraire sur ce type de joueur. »
PIERRE DIÉVAL
"la voix des sports"