Le match en retard de la 20e journée entre Valenciennes et Caen, ce soir au stade Nungesser, promet des étincelles. À la lutte pour le maintien, les deux équipes veulent porter un coup à leur adversaire. VA, en cas de victoire, sortirait de la zone de relégation pour la première fois depuis le 25 octobre et reviendrait à un point des Caennais. Le Stade Malherbe, lui, se donnerait de l'air. Ce terrible enjeu ne fait pas oublier que Steve Savidan sera de retour à la maison...
Entre Valenciennes, qui galère depuis un bon moment (l'automne n'avait pas commencé...), et Caen, qui fut un sympathique animateur de début de saison, les histoires semblent opposées et pourtant elles peuvent se retrouver, ce soir, à Nungesser. Le vieux stade brûle d'agiter ses vieux os dans une ambiance électrique. Oh, ça n'est que du football, mais le foot, justement, est capable de fabriquer une dramatique quand tout est encore très loin. VA - Caen, ce soir, est un match en retard (il gelait à - 8° le 10 janvier, vous vous souvenez M. Thiriez ?) qui ressemble à un match de coupe. Le malheur au vaincu ne doit pas faire oublier qu'il restera quinze matchs derrière (et 45 points à prendre) pour les deux équipes, qui ont pourtant décidé qu'il ne fallait surtout pas se louper ce soir.
Objectivement, VA, le plus mal en point, a le plus besoin des trois points. Antoine Kombouaré, qui a horreur des calculs, convient qu'en prendre quatre en deux matchs de suite à domicile serait très positif (juste en dessous d'excellent) pour le moral, d'autant que ça viendrait dans une série de sept matchs sans défaite.
L'entraîneur ne regarde pas les autres mais il refuse de ne pas voir qu'une victoire permettrait à son équipe de sortir de la zone de relégation tout en fondant sur son rival de la soirée. C'est un joker. « Bien sûr que ce serait moralement important », accepte-t-il en répétant que ce qui compte c'est quand même de ne pas être au mauvais endroit au soir de la 38e journée.
Le problème pour Valenciennes, c'est qu'il lui faudra vaincre ce soir en étant privé de trois (voire quatre) attaquants sur cinq, dont l'indispensable Jean-Claude Darcheville (lire par ailleurs). Impossible ? Pas si vite avance Kombouaré. « Tout le monde doit être capable de scorer. À Paris (le 21 décembre, 2-2), nous n'avions qu'un seul attaquant et Mater puis Tiéné avaient marqué.
» Fâché à chaud après le nul de ses joueurs contre Nantes (1-1), Kombouaré a depuis profité de plusieurs nuits. La vidéo a adouci son point de vue. « Je suis quand même content. On s'est usé physiquement mais j'ai aimé la façon dont on a travaillé. » Le coach n'est pas satisfait du résultat, alors que VA doit encore gagner au moins sept fois pour atteindre la planche de salut (42 points). Mais au moins l'esprit est là. « En ce moment, les joueurs relèvent la tête à chaque fois. Pour nous mettre un but aujourd'hui, il faut nous marcher dessus. Ça c'est bien, j'aime. De ce côté-là, je suis content du comportement des garçons. »
Cet instinct de survie ne tombera pas sur un ingrat ce soir face à Caen. Franck Dumas a lui aussi son programme de conditionnement. « On doit sauver notre peau, agir et réagir comme des hommes. Le foot, ce n'est pas de la danse », souffle-t-il convaincu. Kombouaré, qui révèle ne jamais avoir fait de cadeaux à ses « meilleures potes » sur le terrain, ne dirait pas mieux. « Nous devons effacer le match aller. Je suis content de revoir Steve (Savidan), mais mes joueurs l'avaient beaucoup trop respecté à l'aller (3-1). Quand on a un rival aussi dangereux que lui, il faut faire en sorte qu'il reste muet. Attention, je n'ai pas dit qu'il fallait l'abattre », ajoute Kombouaré, qui ne trinquera avec son ancien attaquant qu'après le match. Tendresse, respect et sacré mental de compétiteur. Drôles de retrouvailles à Nungesser...
RICHARD GOTTE