Attaquant valenciennois le plus régulier, meilleur réalisateur (six buts), Grégory Pujol accomplit une deuxième saison pleine dans le Nord. Remis d'une blessure au mollet, il revient après deux matchs d'absence pour un combat aux enjeux immenses cet après-midi à Sochaux.
Il en fut du début à la fin et ce n'est peut-être pas anodin. Présent lors des treize matchs d'invincibilité qui ont sorti VA du trou, le discret Grégory Pujol sourit quand on lui fait remarquer que son équipe vient de perdre deux fois... sans lui. « Oui, vous pouvez aussi dire qu'on a perdu parce que Darcheville était capitaine... », s'amuse-t-il.
Comme tout le monde, l'attaquant est sous le charme de son équipier guyanais. « On sait tous ce que "Darch" nous apporte. Non, franchement, on n'a pas perdu parce que je n'étais pas là. Avant cette série, j'étais là et les résultats n'y étaient pas. À Valenciennes, tout ce qu'on obtient, c'est collectif. Il n'y a que ça qui nous intéresse. »
Selon lui, si VA a trébuché, c'est plutôt en raison d'une certaine usure après son retour homérique. Quelques erreurs de concentration, des détails. « On s'est mis en difficulté derrière, tout en ne trouvant pas la fraîcheur et la clé pour marquer. » Lui même a senti son corps dire stop. Après 29 matchs (dont 23 titularisations) en championnat, son mollet a cédé. « J'ai enchaîné les matchs et c'est vrai qu'à un moment donné je l'ai peut-être payé », reconnaît-il. Remis sur pied après dix jours d'arrêt, sa plus longue coupure cette saison, il est de nouveau prêt à faire feu. C'est une bonne nouvelle pour VA car il décline cette saison toute la panoplie de l'attaquant complet. Infatigable presseur, le Jurassien sait peser de la tête, jouer en déviation, prendre la profondeur et s'épanouir aussi dans un rôle de finisseur.
À ce sujet, son compteur bloqué depuis le 31 janvier ne le satisfait pas. « Six buts, c'était bien il y a trois mois ... », juge-t-il frustré. Il est en manque, c'est clair, même si son activité reste décisive avec une implication sur plusieurs buts inscrits par son équipe lors de ses trois dernières victoires (contre Lille, Le Havre et Auxerre).
Complémentaire de Darcheville, avec qui « il est intéressant et plaisant de jouer », Pujol se plaît beaucoup à Valenciennes, où il lui reste un an de contrat et où visiblement il se verrait bien prolonger l'aventure. À 29 ans, il fait partie des sages du vestiaire et la situation actuelle ne le rend ni trop confiant, ni trop inquiet.
Il sait que le maintien se mérite et que son équipe garde toutes ses chances, même si son calendrier est compliqué. « Bien sûr qu'on est en danger, ce n'est pas nouveau et ce n'est pas une raison pour paniquer. Les matchs qui viennent seront difficiles, mais on a prouvé cette saison qu'on savait jouer contre les gros. » Relégué il y a deux ans avec Sedan, il estime les cas différents. « Avec Sedan, nous partions de derrière. Là, nous sommes en dehors de la zone et nous savons ce dont nous sommes capables. Notre série n'est pas venue par hasard. Nous avons les qualités, nous restons soudés. Je suis confiant. »
À l'entendre, reste donc juste à prendre les points ? « Oui, tout à fait et le plus tôt possible. L'un de nos objectifs est d'ailleurs toujours de gagner au moins un match à l'extérieur cette saison. Donc on va à Sochaux pour gagner », affirme le double buteur du dernier succès valenciennois en déplacement. C'était à Lorient (1-3) le 28 août 2007, une parenthèse de 32 matchs qui n'est toujours pas refermée. A-t-on vraiment besoin de rappeler aux Nordistes qu'ils choisiraient particulièrement bien leur moment s'ils venaient à briser le sortilège cet après-midi à Bonal ?
RICHARD GOTTE