Valenciennes et Lille, dont les entraîneurs sont amis dans la vie, s'affrontent à 17 h au stade Nungesser dans un derby que ni l'un ni l'autre n'aborde frileux. La promesse d'un grand match entre les voisins du Nord ?
> Est-ce un tournant ? Pour l'un et l'autre, c'est oui. Incapable d'enchaîner deux victoires de suite en championnat, VA vient d'y parvenir en battant Boulogne en Coupe de la Ligue (4-0) trois jours après Monaco (0-2). Les hommes de Montanier veulent désormais enclencher une série en L1 qui leur permettrait de se donner de l'air tout en visitant l'étage supérieur. S'il bat Lille, VA lui passera devant et prendra le leadership régional. « On a soif de bousculer la hiérarchie », se motive ainsi Philippe Montanier, qui vise la passe de trois : trois victoires consécutives, une première cette saison, et trois victoires trois saisons de suite pour VA face à Lille à Nungesser.
Pour le LOSC, dont les ambitions sont européennes, l'objectif est de ne plus perdre de temps. Les deux défaites de suite à Lyon (3-1) et face à l'OM (1-3) ont donné un coup de frein, même s'il n'y a rien eu d'infâmant à s'incliner face aux deux favoris pour le titre.
Les Dogues ont juste besoin de reprendre des points pour ne pas accumuler de retard. Rudi Garcia ne reconnaît d'ailleurs qu'une forme de pression avant sa visite à Nungesser : « Ça fait deux ans de suite qu'on revient avec le même résultat », souligne-t-il. Le coach a un peu détourné le sujet, mais on a bien compris, dès mercredi contre Caen (4-1), que ses Dogues avaient ressorti les crocs.
> Du pareil au même ? C'est sans doute de la mélancolie automnale, en ce moment l'amitié s'invite sur le terrain de jeu. Vendredi, Rudi Garcia s'est amusé : « Montanier, il va dire qu'on est favori... », a lâché l'entraîneur dans un sourire, en référence à peine dissimulée à l'accrochage entre les deux... amis Montanier et Guyot mardi (le coach boulonnais avait reproché ses propos d'avant-match à celui de VA). Pour le coup, Montanier n'est pas décevant : « Lille est une équipe difficile à tenir, capable d'éclipser les talents marseillais. La saison dernière, on avait gagné, mais en serrant les fesses, avec de la réussite », insiste-t-il pour bien tailler le costume du favori au LOSC. Son ami Garcia lui répond : « Entre VA et nous, il n'y a pas tant de différences que ça... » Les deux hommes se ressemblent sur au moins deux points. Une nature taquine, habile à manier le deuxième degré, qui leur permet de maîtriser leur com'avec juste ce qu'il faut d'intox. Et leur système de jeu, le 4-3-3, avec les mêmes principes. Les équipes diffèrent en revanche au niveau de l'effectif, Hazard n'ayant pas le profil d'un Ducourtioux. Chacun apprécie en tout cas le travail de l'autre. Garcia : « Je ne suis pas étonné de ce qu'il fait. » Montanier : « Faut-il rappeler les résultats de Lille ces dernières saisons ? »
> Où faut-il attendre l'autre ? VA, qui n'a pas pris de but depuis deux matchs, a enfin mis ses résultats en adéquation avec ses performances. Avec un effectif plus complet, l'équipe de Montanier met plus d'impact athlétique dans ses matchs et impose une épreuve de force. « Le contenu de nos matchs est homogène. On est sur la bonne voie », estime l'entraîneur, qui parle d'un derby « difficile mais pas impossible », à gagner « pour rendre nos supporteurs heureux ». Rudi Garcia veut, quant à lui, que son équipe marque plus sur ses temps forts et se sécurise plus sur ses temps faibles. En résumé, le coach veut retrouver un LOSC plus efficace, capable de tout dévorer assez vite pour se mettre à l'abri et s'offrir des plages de gestion plus tranquilles. Dans un premier temps, tout à l'heure, Lille ne voudra sûrement pas reculer.
RICHARD GOTTE