On attendait un combat, on l'a eu et c'est Valenciennes qui est resté debout, hier soir, dans un stade Nungesser ravi de voir enfin son équipe remporter un derby sous ses yeux. L'équipe d'Antoine Kombouaré, qui attendait elle aussi ça depuis deux ans, a montré des valeurs qui la mettent plus que jamais dans le ton de la lutte pour le maintien. Pour Lille, un peu tendre ou un peu content de peu, c'est un nouveau coup de frein.
Si l'on se réfère à l'instinct de survie, Valenciennes, qui avait plus besoin de la victoire, a su forcer son destin. Lille, au contraire, a finalement joué ce match à gros enjeux comme un autre et ça lui a coûté cher. « On a livré une première période trop moyenne pour exister », reconnut Rudi Garcia, chaud comme tout le monde pendant les débats mais tout aussi apaisé après. Lucide aussi pour reconnaître : « Oui c'est un coup d'arrêt. » Antoine Kombouaré, lui, a désormais tout les raisons de rester zen comme un moine qui a vu la lumière. Hier son équipe s'est imposée sans discussion, signant ainsi son neuvième match sans défaite, ce qui lui permet de « grappiller » pour reprendre son terme favori. Les autres ont gagné, mais peu importe. Le coach trace sa route.
« C'est une énorme performance collective. On ne prend pas de but, nos attaquants sont efficaces et tout le monde se bagarre.
» Ça pour se bagarrer, Mater et ses copains en connaissent un rayon et ont su se faire respecter hier. Lille, sans forcément s'en apercevoir, a baissé la tête. « À 2-0, on aurait pu tuer le match », remarqua encore le coach, qui ne tiendra pas rigueur à son équipe d'avoir beaucoup reculé et subi sur la fin.
Dans ce match, on commença par se craindre énormément, dès la composition des équipes d'ailleurs. Un peu la tête à Lyon quand même, Garcia avait appelé Debuchy, Dumont, Fauvergue et Tafforeau pour présenter un « team » spécial derby mentalement prêt. Cela sembla pertinent au début, quand Lille alla presser relativement haut un Valenciennes étonnamment bas. L'équipe de Garcia eut ainsi quelques idées lors de la première demi-heure, avec Bastos sur coup franc (13 e), puis surtout sur un décalage de Balmont, où la frappe en force du Brésilien obligea Penneteau à une grande parade (29e).
VA avait eu chaud, mais il n'était pas non plus spectateur dans un combat où les duels faisaient rage. Il tissait patiemment sa toile et remontait progressivement les lignes. Lille s'y laissa prendre, quand une belle combinaison à droite permit à Mater de trouver Danic derrière une forêt de jambes pour un but qui traversait la forêt dans l'autre sens (1-0, 30e).
Ce premier coup de griffe était flatteur pour VA, qui signait là une réussite maximale en marquant sur sa première vraie occasion. Il fut pourtant bientôt suivi d'effets, quand Darcheville, sa divine inspiration et un caviar de Mater crucifièrent des Dogues mis au pas (2-0, 35e). Tout s'était passé tellement vite, qu'on eut de la peine à apprécier la manière avec laquelle VA s'était cabré tandis que Lille avait perdu en cinq minutes tous les fruits de son travail.
À la reprise, VA fut souvent proche du KO (Saez, 48e, Lacourt 49e) et surtout sur un improbable coup franc aux six mètres sifflé par l'inénarrable M. Thual que Darcheville shoota au-dessus (75e). Lille vit en ce gâchis une dernière lueur, car VA se concentra sur la préservation du score tandis que le les Lillois, mieux dans le sens du jeu, avaient repris les choses en mains. Mais ni Fauvergue (81e), ni Bastos du droit (85 e), auteurs de frappes quasi parfaites sur la barre de Penneteau, ne surent adoucir les maux de leur équipe. La réussite était valenciennoise depuis le début. Lille, sous le joug et la pression, avait compris depuis longtemps qu'elle le resterait jusqu'à la fin.
RICHARD GOTTE